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VISITE D'UNE FAVELA


Quand on pense au Brésil, on pense aux plages paradisiaques, aux palmiers, à Rio de Janeiro, mais aussi aux favelas. Elles font partie du paysage, représentées sur les cartes postales, en porte-clefs, et même sur les tongues Havaianas ! C'est assez intéressant de constater que le terme "favela" est un des rares mots de la langue portugaise à être évocateur, pour nous français, non familiarisé avec le contexte urbain brésilien. Ce mot fait référence en premier lieu à un imaginaire collectif très ancré dans la société, par le temps et les médias. Pourtant, une favela ne peut pas être défini comme un simple bidonville occupant illégalement une zone pauvre et dangereuse en Amérique du Sud, c'est un peu plus compliqué que ça. Bon, il y a énormément d'organismes et de chercheurs qui ont travaillés et travaillent encore aujourd'hui sur la définition de la favela, donc autant vous prévenir, que vous n'aurez pas la réponse tout de suite... Mais sachez qu'il n'y a pas vraiment de critères précis, car chaque cas est unique. Le meilleur exemple qui soit pour démontrer ça, c'est qu'on appelle encore favela, les favelas qui ont été urbanisées et restructurées, où la violence est quasiment inexistante et où l'éducation est à la portée de tous. Ce mot englobe donc beaucoup de choses ! Ok, j'étale un peu mes connaissances, mais enfait, c'est mon sujet de mémoire de fin d'étude, alors je l'ai bien travaillé (haha !).

Grâce à l'entreprise Sistema Pri où j'avais fais mon stage en début d'année, j'ai eu la chance de visiter une favela en restructuration lundi dernier : União de Vila Nova au Nord-Est de São Paulo. Je me suis dit que ce serait intéressant de vous montrer à quoi ressemble une favela restructurée, ses rues, ses maisons et ses habitants. J'ai donc pris quelques photos !


Trois enfants jouant au cerf-volant

Un peu d'histoire :

Le terme de "favela" apparaît à la fin des années 1890, suite à la guerre des Canudo, déclenchée par de nombreuses révoltes suite à la proclamation de la République et donc de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Après avoir défendu leurs intérêts dans le nord-est du Brésil, les combattants reviennent à la capitale de l’époque, Rio de Janeiro, sans trouver de logements. Ils s’installent donc sur le Morro da Providência, une colline située à proximité du centre et de la zone portuaire de la ville. A leur initiative, cette colline est alors rebaptisée Morro da favela, en référence aux fleurs du faveleiro, les favelas, qui poussaient sur les territoires de leurs anciennes habitations. Assez rapidement, ce nouveau quartier de Rio de Janeiro fait l’objet de nombreux articles de journaux qui dénoncent ses habitants et les décrivent comme « des criminels, des déserteurs de l’armée, des voleurs, ou encore des prostitués ». C’est de cette dénomination première que né le terme plutôt péjoratif "favela" et son association à la pauvreté. Il est ensuite généralisé pour désigner un nouveau phénomène urbain de Rio : l’occupation des collines de la ville par des populations pauvres.


Une rue donnant sur le centre de tri


Un enfant jouant au foot

União da vila nova :

La favela que j'ai visité a une histoire bien à elle : poussés par la misère et la nécessité de trouver un logement dans une société ne permettant pas de trouver une solution abordable, les premiers habitants de la favela sont arrivés en 1986 dans cette zone située au nord-est de São Paulo, au abord des rives marécageuses du fleuve Rio Tietê. D'autres cours d'eau divisaient la favela, ce qui créait diverses zones, et donc plusieurs communautés, qui étaient souvent en conflit. União da Vila Nova fait référence à une union nouvelle, et c'était un des enjeux lors de la restructuration de la favela : réunir ces différentes communautés dans un espace urbain plus sain.


Parc créé lors de la restructuration


Ancien cours d'eau, sous la ligne de chemin de fer

Quels problèmes ?

Comme pas mal de favela, União da Vila Nova, avait de nombreux problèmes. Les maisons se situaient sur un terrain inondable, donc dangereux pour la population, sans accès ni à l’électricité ni au système d'assainissement des eaux. Ce territoire était aussi difficilement accessible, et je pèse mes mots, puisqu'il y avait seulement un accès piétons, et un accès pour les véhicules... Cette favela était donc très clairement exclue de la ville, ce qui entraînait une difficulté à trouver du travail pour ses habitants, et donc une augmentation du taux de pauvreté. L'effet papillon, une chose en entraîne une autre, et ainsi de suite, n'ayant pas de travail les habitants se sont petit à petit mis à faire de l'argent "facile", trafics, vols, agressions... La violence est donc née à cause de l'isolation géographique et sociale de la favela.


Une rue


Et encore une

Améliorer la qualité de vie ?

L'objectif d'une restructuration, est d'améliorer la qualité de vie des habitants de la favela, en répondant d'abord aux problèmes physiques, suppression des zones à risque, mise en place de électricité, de l'assainissement des eaux, d’égouts. Ensuite, il faut apporter des infrastructures comme des écoles, des centres de soins ou des parcs pour valoriser le territoire, et permettre aux habitants d'avoir accès à la santé et à l’éducation. La mise en place de commerces aide aussi beaucoup, car ils créent de l’emploi et donc permettent une diminution d'errance dans les rues. Ici, de nouveaux accès ont été créés afin d'intégrer la favela dans la ville de São Paulo.

Alors, bien-sur, il n'y a pas de formule magique, et c'est avant tout le dialogue pré-intervention avec les habitants qui est important, mais ce projet a vraiment bien fonctionné, et aujourd'hui, la violence est devenue quasiment inexistante. C'est plutôt intéressant et beau de voir que les choses peuvent encore changer de la bonne manière, il y a encore de l'espoir dans notre joli monde, il suffit juste de se battre un peu !

J'espère vous en avoir appris un peu plus sur les favelas du Brésil avec cet article, et ce cas particulier d'União da Vila Nova !


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